Les herbonautes

Les Cunoniaceae

La famille des Cunoniaceae, avec 27 genres et 335 espèces a une distribution pratiquement limitée à l’hémisphère sud. Elle est particulièrement diversifiée en Nouvelle-Calédonie, où l’on y trouve 91 espèces, toutes endémiques. La famille est remarquable par ses multiples disjonctions biogéographiques. Par exemple, le genre Cunonia est présent en Nouvelle-Calédonie et en Afrique du Sud, le genre Weinmannia en Amérique et aux Mascareignes (La Réunion et Maurice). Longtemps attribuées à la dérive des continents, il semble aujourd’hui de plus en plus accepté que ces disjonctions s’expliqueraient plutôt par des événements de dispersion à longue distance et d’extinctions locales.

Cunonia bullata                                                                                              Cunonia deplanchei

La famille des Cunoniaceae a une affinité particulière pour les roches ultramafiques qui forment des sols particulièrement riches en métaux. En effet les espèces de cette famille sont très présentes dans les maquis miniers de Nouvelle-Calédonie et ont une forte propension à accumuler des métaux. Ainsi plusieurs espèces de ce territoire sont hyperaccumulatrices de nickel ou de manganèse, et quelques-unes des Andes ont également de fortes teneurs en manganèse. Les teneurs en nickel ou en manganèse de certaines espèces dépassent 1% du poids sec des feuilles !

Des mesures des teneurs en métaux de tous les spécimens de Cunoniaceae de l’herbier du Muséum sont en projet. En associant ces mesures avec les données des étiquettes de chaque spécimen, il sera possible de faire un lien entre les teneurs en métaux, la taxonomie, la géographie et le substrat géologique de chaque plante, et de comprendre ainsi les paramètres déterminants dans l’accumulation des métaux.

Cette première mission est dédiée à la Nouvelle-Calédonie, secteur particulièrement bien représenté au Muséum, et qui contient presqu’un tiers de la diversité de la famille. La grande majorité des spécimens de ce secteur a déjà été informatisée (par le personnel du MNHN), mais beaucoup manquent de coordonnées géographiques. Cette mission aura pour but de compléter seulement le champ « géolocalisation » de ces spécimens.

Pancheria multijuga

Cordia albifrons

Référénces

Belloeil, C., Jouannais, P., Malfaisan, C., Reyes Fernández, R., Lopez, S., Navarrete Gutierrez, D.M., Maeder-Pras, S., Villanueva, P., Tisserand, R., Gallopin, M., Alfonso-Gonzalez, D., Fuentes Marrero, I.M., Muller, S., Invernon, V., Pillon, Y., Echevarria, G., Berazaín Iturralde, R. & Merlot, S. (2021) The X-ray fluorescence screening of multiple elements in herbarium specimens from the Neotropical region reveals new records of metal accumulation in plants. Metallomics 13, mfab045. https://doi.org/10.1093/mtomcs/mfab045

Hopkins, H.C.F., Pillon, Y. & Hoogland, R.D. (2014) Cunoniaceae : flore de la Nouvelle-Calédonie, vol. 26. Muséum National d’Histoire Naturelle / IRD, Paris / Marseille.

Jaffré, T., Pillon, Y., Thomine, S. & Merlot, S. (2013) The metal hyperaccumulators from New Caledonia can broaden our understanding of nickel accumulation in plants. Frontiers in Plant Science 4, 279. https://doi.org/10.3389/fpls.2013.00279

Pillon, Y., Hopkins, H.C.F., Rigault, F., Jaffré, T. & Stacy, E.A. (2014) Cryptic adaptive radiation in tropical forest trees in New Caledonia. New Phytologist 202, 521–530. https://doi.org/10.1111/nph.12677

Pillon, Y., Hopkins, H.C.F., Maurin, O., Epitawalage, N., Bradford, J., Rogers, Z.S., Baker, W.J. & Forest, F. (2021) Phylogenomics and biogeography of Cunoniaceae (Oxalidales) with complete generic sampling and taxonomic realignments. American Journal of Botany 108, 1181–1200. https://doi.org/10.1002/ajb2.1688

Photos des étiquettes pliées ou cachées :

P05519625