Théophraste fut le disciple d'Aristote qui lui enseigna l'intérêt de l'observation directe comme moyen d'appréhender le monde vivant.

Tous deux réalisèrent le projet ambitieux de réunir toutes les informations disponibles,,issues de leurs propres observations, ou rapportées par d'autres, sur l'ensemble des deux règnes, animal et végétal. Ils constituèrent ainsi une véritable « base de données » dont sont issus les « Recherches sur les animaux » d'Aristote  et les « Recherches sur les plantes » de Théophraste.
Ce livre resta jusqu'au XVI ème siècle une référence en matière de botanique.
« Recherches sur les plantes » fut rédigé à partir du cours de botanique que Théophraste dispensait au Lycée d'Athènes. Les espèces décrites le furent avec le regard de l'époque : L'usage humain en est un caractère essentiel, il est fortement détaillé.

« Ce bois est gorgé de sève, aussi ne l'emploi-t-on guère que pour les menuiserie extérieures »
« Le « pin maritime » a le feuillage plus léger, plus inconsistant, l'écorce plus lisse et utilisable pour le tannage des peaux »
« L'orme des montagnes... a un bois formé de fibres régulières, élastique, car c'est tout du bois de coeur. On l'utilise pour ...les pièces d'huisserie fine. Vert, il se fend bien; sec, il se fend mal. »

Il utilise également beaucoup la comparaison avec des espèces plus communes, mais n'est-ce pas le propre des diagnoses ?
Ainsi la fleur de sureau noir... ressemble à un rayon de cire, elle exhale une forte odeur de narcisse, le fruit vert ressemble au raisin avant la véraison. Mûr, il a un aspect vineux, tache les mains et teint les cheveux.

Cependant, par une démarche très moderne Théophraste décrit également l'adaptation des plantes à leur milieu. Il distingue pour une même espèce les plantes poussées en milieu favorable ou défavorable, en plaine ou en altitude.
Dans un exposé fondateur de l'écologie scientifique, il décrit les cortèges de plantes de différents milieux : plantes des zones arides, des zones tropicales et subtropicales, végétation aquatique en eau douce ou salée...

Alexandre le Grand (356-323 av. J.-C.) dont le précepteur fut Aristote, s'entoura, en vue de son expédition vers l'Asie  d'une équipe chargée de décrire les pays conquis : géographie, faune, flore, coutumes. C'est par ces voyageurs que les grecs eurent connaissance du cédratier, cultivé à Babylone, de la végétation des mangroves, du manguier, du bananier vu en Inde, et « les végétaux dont on fait des vêtements », sans doute le cotonnier, pour ne citer que ceux-la.

Cette mission nous emmènera dans ses traces, de façon bien pacifique....