Modèle parmi les modèles biologiques, Arabidopsis thaliana L. est sans doute l’espèce de plante la plus étudiée par la communauté scientifique depuis les années 1980. Pourquoi ? Cette plante à fleurs de la famille des Brassicaceae (famille des choux) présente plusieurs avantages pour la recherche en biologie végétale : une petite taille, une culture facile, un cycle de vie court (moins de 2 mois), la possibilité de s’autoféconder, et un génome compact. C’est ainsi qu’A. thaliana est devenue un organisme modèle en expérimentation végétale et une référence dans les connaissances fondamentales acquises sur le fonctionnement des plantes au niveaux génétique, physiologique, développemental…

Cette petite plante reste bien moins connue dans le domaine de l’écologie évolutive. Ce sont pourtant des connaissances indispensables pour comprendre comment des modifications génétiques et physiologiques permettent à la plante de répondre aux changements climatiques globaux. Les plantes peuvent s’acclimater ou s’adapter à différents environnements en modifiant leur cycle de vie. Ainsi par exemple, la période de floraison d’une espèce peut changer d’un endroit à un autre, tout en changeant dans le temps à un endroit donné.

L’équipe de Jesse R. Lasky (Pennsylvania State University, Etat-Unis) cherche à caractériser l’écologie présente et passée d’Arabidopsis thaliana, et à en analyser l’évolution dans le temps et dans l’espace. Pour ce faire, il est nécessaire de recueillir des données sur une période de temps aussi longue que possible concernant les localités les plus diverses. Les spécimens d’herbier permettent d’accéder à ces informations en géoréférençant des milliers de spécimens de toutes époques récoltés partout dans le monde. La mise en relation de la date de récolte avec la localité et la phénologie (les plantes sont-elles en boutons, en fleurs, ou en graines ?), permettra de documenter le cycle de vie des plantes. De façon parallèle, les données climatiques du passé permettront de caractériser le climat au moment de chaque récolte de plante. Cela doit permettre d’apprendre si A.thaliana a eu son cycle de vie modifié en réponse aux variations climatiques.

Voilà le projet de recherche auquel vous, les herbonautes, pouvez contribuer en transcrivant les données des étiquettes d’herbiers de ces plantes, et en les géolocalisant !

« Arabidopsis » est si connue qu’on finirait par oublier que ce genre ne comprend pas seulement l’espèce A. thaliana, mais une dizaine d’espèces réparties principalement en Europe, en Amérique du Nord et en Asie. Toutes les espèces sont ici incluses, même si le projet de recherche porte spécifiquement sur l’espèce A. thaliana.

Enfin, certains spécimens apparaissent sous d’autres noms, plus anciens, que l’on considère aujourd’hui comme des synonymes.

Cette mission est réalisée dans le cadre d'un partenariat avec la Fondation de la Maison de la Chimie :

Chers herbonautes,

A l'issue de cette mission, un travail a été produit:

Effects of two centuries of global environmental variation on phenology and physiology of Arabidopsis thaliana

https://www.biorxiv.org/content/early/2018/09/23/424242.full.pdf+html

Le preprint est disponible sur :

https://www.biorxiv.org/content/early/2018/09/23/424242.full.pdf+html