Les herbonautes

Qui ne connaît pas le genre Quercus, plus connu sous le nom de « chênes » ?

Ce genre possède une des plus larges répartitions mondiales. Les chênes sont dominants dans de nombreuses forêts, des tempérées décidues d’Amérique du nord, d’Europe et d’Asie aux forêts tropicales de montagnes d’Amérique du Sud et d’Asie du sud-est¹.

En Europe, bien qu’assez récents dans la végétation de nos régions, les chênes marquent nos paysages. Ils sont bien connus de la population car ils ont eu une importance économique et alimentaire non négligeable. Ils ont encore une importance culturelle, à travers les légendes, rites et diverses utilisations auxquels ils sont rattachés. Le bois de chêne fut autrefois très utilisé dans la construction navale. Sa grande résistance mécanique et son caractère durable font de lui un matériau toujours prisé par les charpentiers, les ébénistes et les menuisiers. Sur le pourtour méditerranéen, les glands réduits en farine furent consommés lors des périodes de disette. Le chêne est même parfois utilisé en médecine interne et externe².

Figure 1. Diversité de la morphologie foliaire chez les chênes. A : Quercus acutissima (section Cerris), B : Quercus suber (section Cerris), C : Quercus pubescens (section Quercus), D : Quercus chrysolepis (section Protobalanus), E : Quercus semiserrata (section Cyclobalanopsis), F : Quercus rubra (section Lobatae).

Quand on pense aux feuilles de chênes, c’est généralement la morphologie foliaire typiquement lobée du chêne pédonculé ou sessile qui nous vient à l’esprit ou celle du chêne vert. Pourtant, ce genre qui comporte entre 300 et 600 espèces selon les auteurs, possède une morphologie foliaire beaucoup plus diversifiée (fig. 1).

Les chênes sont traditionnellement répartis en six groupes¹. En Amérique, on trouve les chênes dorés (section Protobalanus, Amérique du Nord) et les chênes rouges ou noirs (section Lobatae, Amérique du Nord et du Sud)³. La section Quercus est également retrouvé en Amérique du Nord, mais sa répartition couvre l’ensemble de l’hémisphère nord. Les sections Ilex et Cerris sont retrouvés en Europe, Asie et Afrique du nord. Tandis que la section Cyclobalanopsis est exclusivement retrouvé en Asie du sud-est.

L’hétérogénéité des traits foliaires qui existe au sein des groupes ou entre les groupes est liée au climat et/ou à l’histoire de ce genre au cours du temps.

La morphologie foliaire est utilisée en paléobotanique (l’étude des plantes fossiles), afin de reconstruire les paléoclimats, notamment grâce à la relation qui existe entre la silhouette des feuilles et le climat.

Figure 2. Quercus cerris (Miocène, Saint-Bauzile, Ardèche)

Les restes fossiles de Quercus sont connus depuis l’Eocène (56-34 millions d’années) aux Etats-Unis⁴ et sont très abondants dans le registre fossile en Europe de l’Oligocène au Quaternaire. Une bonne connaissance du lien morphologie-climat au sein de ce groupe dans l’actuel, permettrait potentiellement de l’utiliser comme estimateur paléo-climatique et ainsi, d’améliorer nos estimations paléo-climatiques et paléo-environnementales.

Crédit photo : 

Ouverture : Quercus cerris L.

source : e-ReColNat/MNHN, https://science.mnhn.fr/institution/mnhn/collection/f/item/40527.

Q. acutissima : https://selectree.calpoly.edu/tree-detail/quercus-acutissima

Q. suber : http://swbiodiversity.org/seinet/taxa/index.php?taxon=28192

Q. semiserrata : http://oaks.of.the.world.free.fr/liste.htm

Q. rubra : https://www.ebben.nl/fr/treeebb/qurubra-quercus-rubra/

Q. chrysolepis : https://selectree.calpoly.edu/tree-detail/Quercus-chrysolepis

Q. pubescens : http://www.onf.fr/activites_nature/sommaire/decouvrir/arbres/feuillus/20071012-113322-608019/@@index.html

Q. cerris (fossile) : https://explore.recolnat.org/specimen/paleontologie/706BF2ECFF3E4BAD9C187B740B7C04D8

Bibliographie :

1. Hubert, F. et al. Multiple nuclear genes stabilize the phylogenetic backbone of the genus Quercus. Syst. Biodivers. 12, 405–423 (2014).

2. Lieutaghi, P. Le livre des arbres, arbustes & arbrisseaux.

3. Nixon, K. C. in Ecology and conservation of neotropical montane oak forests 3–13 (Springer, 2006).

4. Manchester, S. R. Fossil plants of the Eocene Clarno nut beds. Or. Geol. 43, 75–81 (1981).